« Rien n’est que rêve » considérait Freud et c’est ce à quoi le film de Quentin Dupieux Réalité nous a fait toucher et sentir de plain pied (que l’on perd ici !) à l’occasion de cette projection-débat vive et stimulante. En plongeant le spectateur dans une mise en abîme où réalité, fiction, délire et rêve apparaissent comme des phénomènes indissociables et continus, telle une bande de Moebius, l’artiste intéresse la psychanalyse en tant que le Réel exclu tout sens. Entre folie, rêve et réalité, le film et le débat qui a suivi nous auront permis d’épingler en quoi la clinique lacanienne a à s’orienter de l’impossible à dire et du Réel.
Sophie Charles, pour la Commission Cinéma-Psychanalyse de Lille.
Si Quentin Dupieux peut dire à propos de ses films qu'il n'a pas de message, qu'il ne chercher pas à dire quelque chose, nous nous sommes attelés lors de cette soirée, non pas à comprendre, mais à nous laisser enseigner par son oeuvre.
Dans son film Réalité, le réalisateur met en exergue le rêve, la télévision et le cinéma comme tant de réalités qui peuvent rendre fou. Alain Chabat, dans le rôle d'un personnage animé par le désir de réaliser son film, n'y échappe pas moins que le spectateur de Quentin Dupieux. Des réalités qui s'entrecroisent et qui nous amènent à saisir le Réel qu'il ne s'agit pas de se hâter à comprendre mais qui anime certainement la clinique.
Objet d'art, Réalité n'a rien à envier au beau. Si Quentin Dupieux cherche quelque chose, c'est plutôt du côté de la création d'une oeuvre hors-temps, hors-lieu et qui cherche à éviter le sens commun, amenant le spectateur à une confusion et un sentiment d'étrangeté. Par les dialogues, la musique, les décors et le montage, il crée une ambiance qui met en tension l'humour, l'angoisse et une certaine esthétique. Son travail est bien à prendre au sérieux en tant qu'il met au-devant de la scène la place du rêve dont il n'est pas si évident qu'il se termine bien au réveil...
Chaque personnage déroule dans ce film une folie excentrique et singulière : c'est au travers du corps, du rêve ou du délire que les réalités vacillent dans. uens répétition angoissante qui se porduit toujours à côté de là où on l'attend. Cette répétition n'étant pas sans faire écho aux oeuvres du réalisateur qui ne manque pas de faire référence à ses anciennes oeuvres et à persister dans sa quête de l'absurde d'une façon toujours inédite.
Finalement, au cours du débat, chacun s'est prêté à des interventions qui se faisaient à partir d'un point venant toucher leur singularité, leur expérience particulière de l'oeuvre de Dupieux.
Soline Massart, pour la Commission Cinéma-Psychanalyse de Lille