Bibliographie

COLLOQUE DE L’ACF EN CAPA
« Ça rêve, ça rate, ça rit… pas sans l’inconscient »




 
« Se servir du malentendu pour permettre à chacun de se faire l'interprète de son désir d'exister, au-delà de son origine, au-delà de la contingence qui a présidé à sa venue au monde. »
Ansermet F., L'origine à venir, Clamecy, Odile Jacob, 2023, p. 50.
 
C’est sous le signe de cette citation extraite du dernier ouvrage de François Ansermet que nous plaçons cette bibliographie apéritive au prochain colloque de l’ACF en CAPA.

Conçue comme un amuse-bouche, elle ne se veut pas exhaustive mais vise à susciter l’envie de lire.

Elle se présente selon les trois axes qui ont orienté la préparation de cette journée de travail : Praticien de l’imprévisible ; Éviter les lieux communs ; Guérir du réel ?

Les citations sont ensuite classées par auteur (ordre alphabétique) et date de publication.
 
Le comité d’organisation



 

GUERIR DU REEL ?



BRODSKY Graciela
« Pour l’analyste, la clinique est aussi le réel en tant qu’impossible à supporter qui va, main dans la main, avec la clinique qui a le désir d’ordonner le réel. »
« La clinique et le réel », texte d’orientation du IXe congrès de l’AMP, 14-18 avril 2018, consultable sur internet.

LACAN Jacques
« Le discours de la science a des conséquences irrespirables pour ce qu’on appelle l’humanité. L’analyse c’est le poumon artificiel grâce à quoi on essaie d’assurer ce qu’il faut trouver de jouissance dans le parler pour que l’histoire continue. »
« Déclaration à France Culture à propos du 28e Congrès International de Psychanalyse », Le Coq-Héron, n°46/47, 1974, p. 8 & à écouter « Intervention de Jacques Lacan en décembre 1973 », Radio Lacan, disponible sur internet.

« C’est à l'étape où s’est trouvé défini comme l’impossible à démontrer vrai que le registre d’une articulation symbolique, que le réel se place, si le réel se définit de l'impossible. Voilà qui peut nous servir à mesurer notre amour pour la vérité — et aussi qui peut nous faire toucher du doigt pourquoi gouverner, éduquer, analyser aussi, et, pourquoi pas, faire désirer, pour compléter par une définition ce qu’il en serait du discours de l’hystérique, sont des opérations qui sont, à proprement parler, impossibles. »
Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1991, p. 201.

« Ce n’est pas du tout de l’analyste que dépend l'avènement du réel. L’analyste, lui, a pour mission de le contrer. Malgré tout, le réel pourrait bien prendre le mors aux dents, surtout depuis qu’il a l’appui du discours scientifique. »
La Troisième, La Divina, Navarin éditeur, 2021, p. 23.

« Le parlêtre n’aspire qu’au bien, d’où il s’enfonce toujours dans le pire. Ça n’empêche qu’il ne peut pas s’y refuser ! Même pas moi. Là, je suis un grain comme vous tous, broyé dans cette salade. L’ennui, c’est que chacun sait que l'analyse a de bons effets qui ne durent qu’un temps. Ils n’empêchent pas que c’est un répit, et que c’est mieux que de ne rien faire. »
Le Séminaire, livre XXII, « R.S.I. », leçon du 8 avril 1975, inédit.

LAURENT Éric
« Le sujet trouve le chemin de sa particularité dans l’expérience singulière de la psychanalyse, mais ce n’est pas la particularité exaltée de l’aristocrate. C’est la particularité d’une horreur rencontrée. »
« L’angoisse du savant et son symptôme écologique », Mental, n°46, novembre 2022, p. 28.

PROST Pauline
« Les dits enserrent et font consister un dire, mais ce dire reste oublié : porté à l’ek- sistence par le savoir-faire de l’analyste, il passe dans la vie, c’est-à-dire dans le savoir y faire de l’analysant. Ayant épuisé toutes les ressources du sens, reconstruisant péniblement les péripéties de son histoire, l’analysant renonce à faire consister son être pour lui préférer son avoir, car « avoir c’est pouvoir faire quelque chose avec. »
« D’un lieu commun… », La Cause du Désir, n°80, 2012, p. 26.





ÉVITER LES LIEUX COMMUNS


KORETZKY Carolina
« La surprise est une trouvaille produisant une perte. Cette marge qui instaure une perte n’introduit pas uniquement un nouveau savoir, mais le mouvement métonymique propre au désir. »
« La surprise lacanienne », La Cause Freudienne n°73, 2009, p. 192.

LACAN Jacques
« Il vaut souvent mieux ne pas comprendre pour penser, et l’on peut galoper à comprendre sur des lieues sans que la moindre pensée en résulte. »
« La direction de la cure », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 615.

« On pourrait de façon paradoxale, voire tranchante, désigner notre désir comme un non-désir de guérir. Cette expression n’a pas d’autre sens que de nous mettre en garde contre les voies vulgaires du bien, telles qu’elles s’offrent si facilement à nous dans leur pente, contre la tricherie bénéfique du vouloir-le-bien-du-sujet. »
Le Séminaire, livre VII, L’éthique de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1986, p. 258.

« Eh bien ! l’inconscient freudien, c’est à ce point que j’essaie de vous faire viser par approximation qu’il se situe, à ce point où, entre la cause et ce qu’elle affecte, il y a toujours la clocherie. »
Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1973, p. 25.

« L’expérience lui démontre [à Freud] ensuite qu’à l’endroit du sujet, il rencontre des limites, qui sont la non-conviction, la résistance, la non-guérison. La remémoration comporte toujours une limite. Et sans doute, on peut l’obtenir plus complète par d’autres voies que l’analyse, mais elles sont inopérantes quant à la guérison. »
Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1973, p. 40.

« Troisièmement, ça rêve, ça rate, ça rit. Je vous le demande, ces trois choses-là, c’est subjectif ou ça ne l’est pas ? Il faudrait savoir de quoi on parle. Les gens qui se demandent quel besoin j’ai eu de ramener le sujet quand il s’agit de Freud ne savent absolument pas ce qu’ils disent. Je dois constater que c’est là qu’ils en sont, alors que je m’imaginais que ce sur quoi on résistait était tout de même plus relevé. Le sujet dont il s’agit n’a rien à faire avec ce que l’on appelle le subjectif au sens vague, au sens de ce qui brouille tout, ni non plus avec l’individuel. Le sujet est ce que je définis au sens strict comme effet de signifiant. Voilà ce qu’est un sujet, avant de pouvoir être situé par exemple dans telle ou telle des personnes qui sont là à l’état individuel, avant même leur existence de vivants. »
Mon enseignement, Paris, Seuil, 2005, p. 100-101.

LAURENT Éric
« Le discours de la science, par son déterminisme exclusif, écrase les particularités dans un vaste calcul statistique rendant tout insignifiant, rompant avec toute grammaire de l’accidentel. »
« L’angoisse du savant et son symptôme écologique », Mental, n°46, novembre 2022, p. 26.

MILLER Jacques-Alain
« Mais est-il légitime de prescrire à l’opération analytique la finalité de guérir ? C’est- à- dire, en fait, que le sujet redevienne utile à la société ? Parce qu’il n’y a pas, en définitive, d’autre définition de la guérison psychique. L’idée de guérison dans le domaine psychique repose sur la notion que le psychisme serait un organe du corps, que le psychisme se confondrait avec le fonctionnement du cerveau. Or la psychanalyse ne s’occupe pas du psychisme, elle s’occupe de l’inconscient, ce qui est très différent. L’inconscient n’est pas un organe. Il n’assure aucune fonction de connaissance du monde, et dans le champ propre de l’inconscient guérir n’a pas de sens. »
« Psychothérapie et psychanalyse », La Cause Freudienne, n°22, 1992, p. 6.

« Le symptôme psychiatrique est constitué dans l’objectivité, tandis que le symptôme analytique, lui, est purement subjectif, et sa guérison est subjective aussi. Donc, vous n’avez pas d’autre matière que la déclaration du patient. C’est ce qui est très difficile à accepter quand vous définissez la rationalité du réel par la quantité. Il y a un réel propre à la psychanalyse qui répond à d’autres critères, qui inclut le sujet. »
« L’homme décidé, entretien avec Jacques-Alain Miller », propos recueillis par Ariane Chottin, Philippe Mangeot, Vacarme n°18, 2002, p. 54.

« Il ne s’agit pas à proprement parler de guérir, il s’agit d'interpréter […]. »
« Conférence du Coliseo. 26-04-2008 », Lacan Web Télévision, disponible sur internet.

PETROSINO Laura
« [La surprise] ne sera plus du côté du symbolique [...], mais du côté du réel en tant que contingent. C’est ainsi que l’expérience de la psychanalyse au XXIe siècle est l’une des rares occasions de rencontrer du nouveau. »
« Surprise », Un réel pour le XXIe siècle, Scilicet, Novembre 2013, p. 418.



 


PRATICIEN DE L’IMPREVISIBLE

 
ANSERMET François
« L’évidence du réel nécessite de repenser toute l’opposition entre déterminisme et liberté, entre nécessité et contingence à propos du devenir de l’enfant. Elle oblige à tenir compte de ce qui est de l’ordre de l’irréductiblement inconnaissable au-delà de l’inconnu. Parler d’inconnu plutôt que d’inconnaissable témoigne en effet d’une confiance assez naïve en nos possibilités de savoir. Poser l’inconnaissable comme tel, en tant que fait du réel, permet d’aborder différemment le destin du sujet. Si le psychanalyste a une responsabilité par rapport à l’enfant et à son devenir, c’est celle d’ouvrir un espace d’indétermination, de créer un point de suspension par rapport à ce qui le précède, d’ouvrir à l’imprévisibilité fondamentale de la réponse du sujet. Le psychanalyste, dans le champ de la clinique du réel, se doit ainsi d’être véritablement un praticien de l’imprévisible, considérant le réel comme étant au principe d'une possible liberté. »
L’origine à venir, Clamecy, Odile Jacob, 2023, p. 30-31.

« Chaque instant est, en potentialité, la source d’un possible changement, éventuellement radical. L’instant, c'est l’intervalle, l’espace de liberté. L’instant, c'est l’incertain, la coupure, la possibilité du choix du sujet, du pari qu’il va faire sur son devenir : l’instant est bel et bien le carrefour du devenir. »
L’origine à venir, Clamecy, Odile Jacob, 2023, p. 175.
 
KORETZKY Carolina
« Le désir de l’analyste se fait le complice de la surprise, c’est-à-dire de l’inattendu. »
« La surprise lacanienne », La Cause Freudienne n°73, 2009, p. 195.
 
LACAN Jacques
« ... la surprise — ce par quoi le sujet se sent dépassé, par quoi il en trouve à la fois plus et moins qu’il n’en attendait — mais de toute façon, c’est, par rapport à ce qu’il attendait, d’un prix unique. Or, cette trouvaille, dès qu’elle se présente, est retrouvaille, et qui plus est, elle est toujours prête à se dérober à nouveau, instaurant la dimension de la perte. »
Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1973, p. 27.

« C’est bien dans la pratique d’abord que le psychanalyste a à s’égaler à la structure qui le détermine […] dans sa position de sujet en tant qu’inscrite dans le réel : une telle inscription est ce qui définit proprement l’acte. »
« La méprise du sujet supposé savoir », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 338.

« Le dire, le dire ambigu de n’être que matériel du dire, donne le suprême de l’inconscient dans son essence la plus pure. Le mot d’esprit nous satisfait d’en rejoindre la méprise en son lieu. Que nous soyons joués par le dire, le rire éclate du chemin épargné, nous dit Freud, à avoir poussé la porte au-delà de laquelle il n’y a plus rien à trouver. »
« De la psychanalyse dans ses rapports avec la réalité », Autres Écrits, Paris, Seuil, 2001, p. 356.
 
 




RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 

- ANSERMET François. Clinique de l'origine : l'enfant entre la médecine et la psychanalyse . Lausanne : Payot, 1999
- MEJIA QUIJANO C., GERMOND M., ANSERMET F., Parentalité stérile et procréation médicalement assistée : le dégel du devenir, Erès, 2006
- ANSERMET F., GERMOND M., MAURON V., ANDRE M., CASCINO F., Clinique de la procréation et mystère de l’incarnation : l’ombre du futur. Paris : P.U.F., 2007
- ANSERMET François, Clinique de l’origine , nouvelle édition, revue et augmentée, Ed. Cécile Defaut, Nantes, 2012;
- ANSERMET François, La fabrication des enfants. Un vertige technologique . Odile Jacob, Paris, 2015;
- ANSERMET François, Nourry P, Serendipity , Acte Sud, Arles, 2018;
- ANSERMET François, Prédire l’enfant , PUF, Paris, 2019 ;
- ANSERMET François, L’origine à venir , Odile Jacob, Paris, 2023
- ANSERMET François, L’origine, qu’est-ce que ça change, Labor et Fides, Genève, à paraître janvier 2024
- JOVELET Georges, Ces psychotiques qui vieillissent, 2017, Collection : L’Offre de soins en psychiatrie